Cet article est une contribution à l'ouvrage collectif "Séparations conflictuelles et aliénation parentale : Enfants en danger", paru en février 2016 aux éditions Chronique sociale.
Un concept psychiatrique prêtant à polémique
Nous vous proposons une relecture de la notion d’aliénation parentale, terme qui a le mérite d’isoler une souffrance certaine au sein de familles, parents et enfants confondus, liée à un divorce ou à une séparation particulièrement conflictuelle.
Celle-ci va tenir lieu de véritable évènement psychique, sorte de tsunami, pour chacun des sujets concernés dans la famille, malgré sa prétendue banalisation dans certains milieux, sous prétexte que leur nombre est en augmentation croissant. Aujourd’hui on divorce de plus en plus facilement. Certes, nul opprobre de la société ne vient, comme autrefois, s’ajouter au chagrin éprouvé par le couple de devoir se séparer. Mais la clinique analytique ne cesse de rendre compte de la souffrance indélébile et des effets subjectifs que toute séparation du couple parental aura comme retentissement dans la vie des ces enfants une fois devenus adultes., du surcroît si celle-ci est conflictuelle.
Il n’existe pas de séparation conjugale heureuse. Et de la même façon qu’on se prépare au mariage ou à la vie en couple, on pourrait également éduquer les couples sur la manière la moins douloureuse de mettre un terme à leur vie commune, sans pour autant remettre en question la famille qu’ils ont fondée.
Quand la haine qui est une passion violente, se traduit par la résolution impossible sur le versant imaginaire de la phrase : c’est moi ou l’autre qui veut dire moi contre l’autre, la destruction de l’autre comme double imaginaire est ce qui est visé. Ainsi les enfants issus de l’amour deviennent objet de haine : un butin et une arme pour détruire ce qu’il pouvait rester de la famille naguère heureuse.
Très souvent la virulence et la violence de cette résolution du couple fait émerger un mirage : celui de la famille idéale qui jusque-là aurait été exempte de problèmes et de conflits. Nous savons pourtant que ce n’est qu’un leurre car, dans la plupart des cas, les difficultés du couple étaient déjà présentes bien avant l’éclatement du conflit. Des signes avant-coureurs déjà à l’œuvre mériteraient d’être repérés au plus vite, afin d’éviter cette lutte judiciaire sans merci avec tout ce qu’elle entraîne : accumulation de fausses accusations, mesquineries, dégâts psychologiques, ruptures de lien, multiplication des expertises et longues procédures qui finissent par anéantir les membres les plus fragiles de la famille, les enfants – quel que soit leur âge.
La reconnaissance du concept d’aliénation parentale dans la société française n’est pas un long fleuve tranquille. Aujourd’hui, cette notion et tout ce qui accompagne sa dimension dramatique est, une fois pour toutes, entrée dans le vocabulaire des spécialistes concernés, même si elle suscite encore des polémiques, notamment dans le milieu psychiatrique.
Critiques à l’égard de la notion d’aliénation parentale
Cependant cette notion reste encore contestée – parfois avec virulence - par une partie de la communauté scientifique dont certains se posent en détracteurs[1]. Leurs griefs relèvent d’un discours parfois passionnel et d’un parti pris à l’égard de défenseurs de cette notion, mais certains de leurs reproches méritent d’être entendus et nécessitent de construire une vraie réponse.
On reproche par exemple à cette notion que ses contours soient extrêmement flous, qu’elle soit non scientifique car elle n’avance pas de preuves. Mais surtout, on critique son usage abusif : on s’en servirait à tort et à travers dans les tribunaux pour écraser l’un des parents qui se voit accablé de fausses accusations de la part de ses enfants, de qui il sera finalement séparé. Et finalement c’est le parent identifié comme aliénant qui s’en tire toujours le mieux.
Ce dernier reproche laisse perplexe : nous savons tous que dès lors que la bataille judiciaire se développe au sein du couple, les ravages sont innombrables. Il n’y a guère de gagnants. Si l’on reconnaît qu’un parent toxique est capable de mettre l’autre parent hors jeu par ses accusations infondées, on ne fait que justifier davantage la nécessité de cerner ce qui est réellement en jeu dans cette disputatio conjugale.
La justice est toujours trop lente ; les procédures judiciaires ne devraient se poursuivre ad infinitum dans la vie des enfants compte tenu des procédures interminables qui opposent leurs parents.
Je me souviens par exemple d’avoir reçu il y a longtemps une petite fille de cinq ans qui souffrait d’encoprésie. Elle avait déjà témoigné dans six procédures judiciaires qui avaient dévasté l’un et l’autre de ses parents, et surtout la mère qui était encore plus fragile que le père.
Trois procédures concernaient le nom de famille de l’enfant retenu par la justice et le registre d’état civil. Du jour au lendemain elle avait vu son nom supprimé de ses cahiers de classe. Son symptôme équivalait à dire : « Je n’arrive pas à gérer ce qu’il en est de ce conflit ». C’était une manière désespérée de demander un sursis. Quant elle commençait enfin à guérir, une énième procédure démarra, impulsée par son père.
Ce couple avait volé en éclats quelques semaines avant la naissance de l’enfant, connaissant le sort tragique de maintes unions où le désir imaginaire d’enfant chez chacun des parents n’est pas le fruit d’un projet commun, et ne se reconnaît pas dans l’enfant réel qui, dès lors ne trouve pas la sécurité affective nécessaire – malgré l’amour indéniable de ses parents.
Si l’usage de cette notion nous semble abusif, ce n’est pas une raison suffisante pour l’exclure du lexique des techniciens. Mais ce qui est essentiel, chaque fois que l’on se saisit de cette notion, c’est d’approfondir le bien fondé d’une telle hypothèse.
Ce travail d’argumentation et d’analyse devrait être fait systématiquement dès lors qu’on avance une hypothèse voire un diagnostic qui concerne la santé psychique de l’un des parents, qu’il s’agisse d’un trouble psychique, de l’abus de drogue ou d’alcool mettant en danger autrui, d’écart de mœurs, etc.
L’intérêt de notre propos est justement de situer la pertinence de ce débat : révisons donc la portée dudit concept pour répondre aux voix qui crient à la victimisation des parents délaissés sur le plan juridique en vertu d’un usage abusif de cette notion devant les tribunaux.
Donnons ses lettres de noblesse à une notion qui a le mérite de faire rentrer dans le champ psychologique et juridique, un concept où la souffrance des familles est bien trop importante pour qu’on puisse continuer à l’ignorer.
Il ne s’agit pas d’une pirouette sémantique pour décrire une nouvelle nosologie. Les séparations conflictuelles sont vieilles comme le monde. Quel intérêt donc de souligner une souffrance précise de la vie des familles et leurs avatars ? Nul autre que la prévention : l’accompagnement dans cette phase toujours douloureuse, des êtres vulnérables, en particulier les enfants, qui, eux, se retrouvent entre deux feux croisés d’une virulence inouïe.
Que cette souffrance soit identifiée comme aliénation parentale ou abus de faiblesse, ou encore d’un nouveau terme c’est en fin de compte peu important. Ce qui compte c’est qu’elle soit reconnue et dès le début de la séparation.
Freud aimait répéter une phrase de son maître Charcot : la théorie, ça n’empêche pas d’exister. Les troubles psychiques n’attendent pas qu’on les reconnaisse pour avoir une existence.
Qui est le sujet aliéné ?
Lorsqu’on évoque l’aliénation parentale, de quoi parle-t-on au juste ? De quelle aliénation s’agit-il ? La question capitale que l’on doit se poser est la suivante : Qui est le sujet aliéné ? Notre hypothèse de départ c’est qu’il y aurait au moins deux acteurs dans cette aliénation : l’adulte aliénant, certes, et l’enfant ou les enfants qui vont s’aliéner. C’est une structure a minima.
Néanmoins ce terme d’aliénation reste équivoque, car il renvoie à des significations bien différentes, qui sont pour autant reliées. C’est sur cette équivocité de la langue – française en l’occurrence – que nous souhaitons démarrer l’analyse dudit concept. Nous tenterons ensuite d’en extraire toutes les conséquences cliniques – mais aussi sociales – de cette notion.
L’aliénation parentale est-elle une pathologie ? Et qui affecte-t-elle ? Il est admis que l’enfant est assurément une victime. Mais alors, le parent aliénant est-il une victime ou un agresseur, voire les deux ? A quel point ne devient-il pas la victime de sa propre radicalité ?
Jusqu’à quel point l’enfant rejetant un de ses parents ne devient-il pas – à son insu - son propre bourreau ? N’est-ce pas une réalité que cet enfant viendrait collaborer à l’ amputation du monde affectif du parent aliéné ?
Car le parent en question – qu’il soit mère ou père - a beaucoup du mal à se reconstruire comme sujet après cette blessure, toujours à vif, toujours prête à se rouvrir. Il doit donc composer avec ce vide.
Etymologie et signification du terme d’aliénation
Première acception : être aliéné, c’est devenir étranger à soi, ne point se reconnaître. Ce qui aura valeur pour le sujet d’une effraction dans la continuité de son histoire et de son identité. Ce qui n’est pas sans évoquer la notion freudienne de unheimlich, du familier qui devient inquiétant.
La deuxième acception dérive de la précédente, c’est perdre ses esprits, tomber dans la folie, ce qui marque avec justesse qu’il y a une dynamique psychique qui s’inscrit dans une diachronie qui fait tomber malade le sujet.
La troisième acception vient du droit romain, Alienus : c’est l’acte de la part de quelqu’un de prendre possession de l’autre comme d’un bien qui lui appartiendrait, à l’issue d’un conflit, d’un impayé. Ce qui viendrait en quelque sorte à rééquilibrer les comptes , faisant figure de réparation à l’égard de celui qui s’estime lésé, qu’il s’agisse de l’Etat ou d’une personne physique.
Nous pouvons faire un parallèle ici avec la figure historique du Pater familias qui repose sur l’autorité absolue et incontestée de la personne du père sur ses enfants, corps et âme. C’était à lui qu’il revenait de décider si tel enfant avait le droit de vivre ou pas.
Philippe Ariès [2] fait état d’un taux de mortalité infantile certainement important mais qui n’est pas pris en compte. Il va sans dire que ce pouvoir absolu paternel justifiait jadis tout type d’abus parental. Il s’agissait donc d’une subordination totale à l’Autre sans aucune possibilité pour le sujet enfant de s’en extraire. Autant dire qu’ici l’enfant est un sujet au sens d’être « assujetti » à l’autorité de l’Autre paternel.
Mais l’enfant, comme tout autre sujet d’ailleurs, s’il est sujet, c’est parce qu’il est assujetti à l’Autre du langage. C’est en quoi il est davantage mortifié par les paroles qui l’ont bercées, mais aussi martelées.
Ceci nous oblige à revenir sur les fondements de la constitution psychique de l’enfant : les deux temps de constitution de la subjectivité : celui de l’aliénation et celui de la séparation.
Premier temps de constitution du sujet : l’Aliénation
Dès son arrivée dans le monde, l’infans – celui qui n’a pas encore accès à la parole tout en étant dans un univers du langage – est marqué par sa prématurité physiologique, thèse qui a été avancée par Bolton. Il n’est pas achevé au sens propre du terme. Il n’a pas encore achevé ne serait-ce que le long chemin de la myellinisation de son appareillage neurologique avec ses terminaisons nerveuses, opération qui ne sera pas terminée avant l’âge de 7 ans.
Cet état de fait le confronte d’emblée à son incapacité à survivre sans le secours de l’Autre, et ce, dès sa mise au monde. Le bébé humain est dans une dépendance absolue par rapport à l’Autre maternel, dont il attend tout : abri, chaleur, nourriture, mais aussi amour.
Cette dépendance vitale vient souligner sa dissymétrie radicale vis-à-vis de l’Autre et les conséquences majeures de cet état de fait : l’infans doit tout recevoir de l’Autre. L’aliénation se joue sur différents plans : matérielle (ce qui relève par exemple du corps à corps, les soins nourriciers, mais aussi parfois toutes les formes de maltraitances), imaginaire (son image lui est renvoyée par l’Autre) et symbolique (les mots avec lesquels ils est parlé par l’Autre, ce qui lui assigne une place, un nom, une filiation, une possibilité de se faire reconnaître par le corps social.
Autant dire que lorsque cet enfant est encore vulnérable, il n’est pas en mesure de refuser ce qui lui vient de l’Autre, mise à part par des rejets symptomatiques. Par exemple, sous la forme d’un eczéma, ou de régurgitations quand ils sont bébés, où plus tard par des formations symptomatiques plus complexes. Encore faut-il qu’un autre puisse les identifier, les déchiffrer.
Quant au discours qui lui vient de l’Autre, l’enfant ne peut que s’y identifier, partiellement ou complètement, s’il n’y a pas de reste possible. Tel est le cas dans la psychose, où le sujet ne peut pas s’affranchir du pouvoir qu’exerce l’Autre sur lui. Et pour cause : il risquerait alors de perdre non seulement son amour mais aussi tout sentiment d’exister.
Le processus d’humanisation de l’infans passe essentiellement par une forme d’aliénation. Nous passons tous par cette forme d’ aliénation, d’une manière ou d’une autre. Or, ce qui permet au sujet de devenir un sujet à part entière, d’exister par lui-même, est la deuxième opération logique : la séparation.
Deuxième temps de la constitution du sujet : la séparation
Le deuxième temps logique qui va permettre à l’infans de devenir un sujet est celui de la séparation, qui va se renouveler tout au long de son développement de différentes façons.
La première période d’opposition de l’enfant – entre 18 mois et 2 ans et demi – est bien connue. C’est celle où l’enfant se réjouit de pouvoir dire non à toute proposition venant de l’Autre. C’est une période difficile pour tousles parents car ils se sentent mis en échec dans leur rôle parental, notamment s’il s’agit de leur premier enfant ou s’il s’agit de parents légèrement psychorigides, voire carrément fragiles.
Pour accomplir cette opération, l’enfant doit être capable de formuler deux questions, dans une succession logique. Se sachant l’objet d’amour de l’Autre – et ayant ainsi acquis une certaine valeur phallique pour lui, ce qui lui donne un premier ancrage -, la première question que l’enfant va se poser est : l’Autre peut-il me perdre ? , Puis-je me perdre pour l’Autre ? Cette première question va organiser sa capacité à se soustraire, première condition essentielle pour la constitution d’un sujet.
L’Autre peut-il me perdre ?
Ce questionnement peut prendre la forme d’un acte ludique. Par exemple l’enfant va se cacher derrière un rideau pour faire en sorte que l’Autre le recherche, ce qui est une stratégie pour s’interroger sur sa valeur pour l’Autre. Souvent, lorsque cet Autre fait mine de ne pas le trouver, l’enfant est rempli d’une excitation qui le fait sortir de sa cachette, ravi d’avoir pu s’extraire temporairement du champ de l’Autre.
Mais attention, perdre n’est pas ici à entendre comme un lâchage, les mères le savent. Seule une mère qui investit son enfant est capable d’accepter plus tard qu’il se sépare d’elle. S’il n’y a pas d’investissement libidinal, lorsque l’enfant disparaît, il ne manque à personne.
La mère doit d’ailleurs libidiniser la coupure , c’est à dire, investir suffisamment le moment de séparation afin de donner spn autorisation – consciente et inconsciente – pour que l’enfant puisse, par exemple, accepter d’aller vers autrui, y compris son père, qui est dans le premier temps de maternage, étranger au couple mère-enfant.
Si le message inconscient que l’enfant déchiffre dans l’inquiétude maternelle est qu’il n’est pas autorisé à s’éloigner d’elle pour explorer l’espace, ou qu’il puisse rester avec sa nounou, ou quelqu’un d’autre digne de la confiance de la mère, l’enfant mettra tout en œuvre pour faire échouer cette séparation, répondant ainsi au désir maternel de rester fusionnel.
Puis-je perdre quelque chose – auquel je tiens ?
La deuxième question logique à laquelle l’enfant doit pouvoir répondre, beaucoup plus tard, est : Puis-je perdre quelque chose, c’est-à-dire, renoncer à une partie d’une satisfaction paradoxale ? Puis-je consentir à perdre quelque chose? C’est un moment clé car l’enfant pourra dès lors, se forger un petit objet à lui, indépendant du champ de l’Autre, et pourra consolider sa matrice fantasmatique, et se risquer à désirer des objets en dehors du champ de l’Autre parental.
Nous savons que tout enfant passe la plupart du temps de son enfance à chiffrer la jouissance de l’Autre maternel, qu’est-ce qu’elle (me) veut ? . Si l’Autre maternel reconnaît en elle la dette symbolique à l’égard de son propre père, elle pourra dès lors véhiculer la parole du père de son enfant, et faire en sorte que l’ harmonie règne au foyer.
Mais l’homme est digne de l’amour d’un père seulement si il peut faire d’une femme l’objet qui cause son désir. Il ne doit pas être une mère bis, mais faire de la mère de l’enfant sa compagne, pouvant ainsi la diviser dans sa toute puissance maternelle. De la même manière, le père ne peut être un père, que s’ il a un désir d’homme pour celle qui est sa compagne.
Finalement ce qui garantit l’équilibre du sujet à venir c’est que chacun des parents remplisse une fonction symbolique, qui n’est pas totalitaire, laissant la place à un reste. De la même manière que la mère ne doit pas être toute mère, le père ne peut pas être tout père. Si tel est le cas, l’enfant verra empêché l’accès à son désir, seul à lui garantir une place du sujet.
Lorsque l’enfant n’est pas forcé de s’identifier complètement et exclusivement à l’un ou à l’autre parent, il pourra dès lors compter sur une réserve libidinale qui lui soit propre. Ce qui veut dire qu’il aura le droit de cesser de chiffrer en permanence la jouissance de l’Autre, pour pouvoir ainsi chiffrer un petit peu de sa jouissance personnelle.
Nous illustrerons cette thèse lacanienne avec un exemple clinique, qui suppose aussi une interprétation de la notion d’aliénation parentale sur laquelle nous reviendrons dans la conclusion.
Un exemple d’aliénation parentale : Shine
Dans le film de Schott Hicks, Shine, on décrit la vie du pianiste australien David Helgoft, et son entrée dans la psychose vers l’adolescence. Nous assistons d’emblée à un drame à huis clos, où David enfant ne pourra s’affranchir de l’univers familial régi par le discours et l’attitude du père qui se pose en éducateur absolu de son fils. D’ailleurs, lorsqu’il réussit enfin à se différencier du désir paternel, il sera banni à tout jamais par celui-ci, perdant tout appui symbolique, ce qui ouvre l’entrée dans la psychose.
Notons d’ailleurs que le père de David est vraisemblablement un sujet paranoïaque qui semble au départ présenter un comportement normal, mais que toute tentative de différentiation de son fils, choisi par lui comme son seul prolongement libidinal, met en danger son narcissisme.
En effet, toutes les interactions père - fils montrent comment le père exerce un contrôle permanent sur le corps et la pensée du jeune garçon. Ainsi le père lui tient inlassablement le même discours, dès lors que son fils manifeste le moindre désir de différentiation : « La vie est cruelle. Il faut survivre. Je ne laisserai personne détruire cette famille. Je suis ton père, David. Une seule chose compte, ta famille. Répète : Je suis un petit garçon qui a beaucoup de chance. Répète. Je sais mieux que personne ce qu’il te faut. Je sais où est ton intérêt. »
Comme souligne Cosima Guérin [3] dans l’analyse qu’elle fait de ce film, « cette éducation se déroule selon un modèle qui s’oppose aux principales lois de la vie. Le déni porte sur la filiation (Il ne s’agit plus de transmettre, mais de répéter, de faire revivre, ce qui n’a pas pu être vécu par le parent). Ainsi, grandir signifie pour David réaliser les fantasmes de toute puissance du père : « Quand j’étais petit, mon père a brisé mon violon. Tu as beaucoup de chance de pouvoir jouer de la musique, du piano ».
« Le déni porte aussi sur la mort, sur le temps qui passe : on est frappé par l’absence de vie à l’intérieur de la maison, les fantômes du passé sont là, au présent : les fils barbelés évoquent le drame de la déportation. Par ailleurs, tout événement inattendu, symbole de nouveauté, est rejeté ».
« La porte se ferme, lorsque le professeur Rosen propose de donner des cours à David. Il ne faut pas que les choses changent, il ne faut pas que David construise un projet susceptible de l’éloigner du milieu familial. Chaque ouverture sur l’avenir est perçue comme une menace ».
« Ainsi le feu détruira l’invitation pour les Etats-Unis dans un moment de furie du père. Le déni porte encore sur les frontières générationnelles. David n’a pas une place d’enfant. Aucune étape permettant l’évolution habituelle d’un enfant n’est respectée. Ainsi, David doit d’emblée interpréter un morceau de Rachmaninov, musique qui ne correspond nullement à ses préoccupations d’enfant ».
« Lorsqu’on voit David enfant pour la première fois dans le film, au moment où il s’apprête à monter sur l’estrade, on est frappé par son air sérieux et lorsqu’il se met à jouer, le piano lui échappe, comme s’il était trop grand pour lui. La logique paradoxale de cette éducation est le reflet d’un lien symbiotique ».
« Lorsque Rosen fait une remarque sur la sœur qui joue, le père de David s’empresse de dire : « Tous, ils jouent du piano, c’est moi qui leur ai appris ». La musique est devenue une sorte de peau commune qui relie tous les membres de la famille entre eux. Les images et les dialogues du film montrent à quel point David n’a pas le droit d’avoir un espace psychique personnel, de grandir, de devenir « sujet ». Certains de ses propos sont éloquents : « J’aime aussi le tennis…Je m’entraîne contre un mur chez moi, la plupart du temps, je joue contre un mur », « Je n’ai pas grandi, j’ai plutôt rétréci. »
« A la moindre manifestation d’une différenciation, David est disqualifié et menacé d’expulsion : « Si tu pars, tu ne remettras jamais les pieds ici. Tu n’auras plus de père. Tu ne seras plus mon fils. Tes sœurs perdront un frère ».
« Même quand David quitte le milieu familial pour étudier à Londres, le lien symbiotique continue à l’encercler. David apparaît de plus en plus comme quelqu’un qui n’habite pas réellement son corps. Le retrait et le repli sur soi sont signifiés à de nombreuses reprises et plus particulièrement lorsque David est devenu adolescent. Son langage a perdu sa fonction de communication. On observe des automatismes et une forme de bégaiement, proche de l’écholalie ».
« La scène où il se tient devant sa boîte à lettre, ayant oublié de mettre son pantalon, évoque le déni du corps et de la sexualité. Les deux professeurs de piano disent de lui : «Il a des mains extraordinaires mais elles ne sont reliées à rien au-dessus des épaules. » A ce moment-là, David laisse tomber ses partitions qui sont éparpillées par le vent, métaphore de l’éclatement du moi, tel qu’il se manifeste dans les psychoses ».
David reste ainsi l’éternel prisonnier du projet paternel en jouant le morceau de musique de Rachmaninov. Une fois qu’il réussira à mener jusqu’au bout ce projet, sa psychose se déclenchera. Un dernier appel adressé à son père, passé d’une cabine téléphonique, et la fin de non recevoir de ce dernier, va verrouiller pour David à tout jamais le chemin vers son salut. Il passera ensuite vingt ans dans un hôpital psychiatrique, jusqu’à ce qu’il soit reconnu par une soignante, lui permettant d’organiser un autre mode de vie protégé à l’extérieur des murs de l’hôpital, où son talent de musicien lui assurera malgré tout une vraie place.
Nous pouvons apprécier dans ce film combien David n’a pas pu avoir accès à un espace psychique pour exister en dehors des sentiers rigoureusement dictés par son père, dans sa toute-puissance d’homme tragiquement malade, lui aussi, et également vulnérable.
Notre thèse : l’aliénation parentale est une forme de survie
Nous pouvons d’ors et déjà énoncer notre thèse : l'aliénation parentale est de l’ordre d’une pathologie mentale, où l’un ou les deux termes de la structure à minima sont déjà frappés par la psychopathologie. Ainsi, nous considérons que l’aliénation parentale est une forme de survie à une forme d'effondrement psychique de l'Autre et du soi. L'enfant est contraint à être celui qui soutient - coûte qui coûte - la stabilité psychique de l'un des parents contre l'autre.
Cette thèse est capitale car, ceci explique pourquoi les enfants qui deviennent les otages de cette dynamique familiale ne peuvent pas se désolidariser de ce qu’ils entendent comme une impossible logique. C’est la logique que J. Lacan [4] a bien montré : le sujet doit choisir entre la bourse ou la vie. Il ne peut pas avoir et la bourse et la vie. Ce qui veut dire que d’emblée, il s’agit d’un choix biaisé : ou bien il garde la bourse et il perd la vie, où bien il garde sa vie mais perd la bourse. Lacan donne l’exemple aussi avec « la liberté ou la vie », où cet adverbe « ou » est de type excluant. Nous pouvons entendre aussi « le sens ou la liberté », le sujet doit trancher entre s’aliéner à l’Autre et garder la vie, ou se risquer à se désaliéner mais perdre la vie. Ce qui confirme une nouvelle fois que tout renoncement est douloureux et en même temps incontournable, si l’on veut s’assurer de se faire un corps qui résiste aux épreuves de la vie.
Nous pouvons aussi faire l’hypothèse que les troubles de l’un des parents – parfois des deux –sont déjà à l’œuvre quand l’enfant vient au monde, et que lesdits troubles restent masqués car l’illusion de l’amour fonctionne toujours dans le sens d’une complétude imaginaire. Mais ce mirage est destiné à se heurter – tôt ou tard – à la rencontre de l’enfant réel et le cortège des préoccupations qui sont celles de tout parent.
L’identification à une image sans faille, sans reste
Si le sujet ne peut pas se frayer une voie vers un espace à lui, en dehors de l’emprise parentale, il est certainement promis à la psychose, synonyme ici d’une aliénation totale, c’est à dire, sans reste.
C’est le cas aussi du chemin douloureux des êtres mélancoliques et de tout fonctionnement psychotique, l’impératif de devoir s’identifier à une image sans faille. Dès lors que cette image est « décomplétée », une fois verrouillé le temps de la structure, la décompensation du sujet est la seule issue possible, avec des phénomènes de dissolution du corps, terrifiants pour le sujet.
J’ai connu ainsi un sujet mélancolique, dont je me suis occupé un temps, qui se disait en permanence déréalisé, expérience atroce qui lui donnait le sentiment de ne pas être réel, séparé des autres semblables comme par une frontière invisible. « Je les envie, les autres, les normaux » aimait-il répéter. « Ils peuvent ressentir, être vivants, moi, je suis un mort vivant ». S’il était déréalisé, c’est qu’il n’avait pas le droit d’être réel pour l’Autre maternel, c’est à dire, pas le droit de s’affranchir de la mission inconsciente qu’il s’était donné . Sa mère étant elle-même handicapée, il se devait de restaurer sa blessure narcissique, seule mission reconnue comme étant légitime.
Ainsi, les nombreux passages à l’acte suicidaire qu’ili a commis par la suite – jusqu’à ce dernier acte tragique qui a eu raison de sa vie – étaient des tentatives désespérées de se séparer de l’Autre, dans le réel de son corps. Seul moyen pour tenter de décompléter la toute-puissance de l’Autre.
Car lorsque le sujet ne peut pas organiser une forme de soustraction salutaire du champ de l’Autre, lorsqu’il est encore en voie de structuration, toute forme d’affranchissement de l’Autre aura un coût psychique bien plus onéreux, fermant l’accès à une vie normale .
L’impossibilité pour ce sujet, comme pour David, aussi bien que pour la petite fille en question, vient confirmer que l’enfant nécessite de pouvoir s’ouvrir une voie vers l’individuation emparée par la fonction paternelle. Cette lutte vers l’autonomie psychique est dès lors un impossible qui ne promet que les affres d’une vie destinée à un collage littéral à l’Autre, c’est à dire, promise à la maladie mentale, qu’elle soit cliniquement reconnue ou pas.
C’est toute la richesse clinique d’une différence essentielle dans notre champ, que la psychanalyse permet de vérifier : il n’est pas pareil pour un sujet de se faire représenter par un signifiant, lui permettant d’équivoquer le nom ou la place qu’il va chiffrer venant de l’Autre, que de faire signe pour l’Autre, dans le sens des stoïciens. L’exemple de la phrase « le jour est clair », donné par les stoïciens, est un énoncé sans appel. Le jour EST clair, et il ne peut pas être autrement.
Nous pouvons nous accorder sur cette définition minimale de l’aliénation totale : un énoncé sans possibilité d’appel. Autant dire qu’ici l’enfant (ou le sujet devenu adulte) n’a aucune possibilité de négociation d’un objet à lui, non tributaire du champ de l’Autre.
La possibilité pour un sujet, vérifiable dès sa petite enfance, de négocier un espace à lui, un objet à lui, qu’il va extraire du champ de l’Autre, certes, mais qui ne va pas être tributaire de cet Autre est pour nous un vrai indicateur clinique d’un sujet qui se développe « en bonne santé ».
A l’opposé, un sujet sera dans l’incapacité de toute cession d’objet. Il aura ainsi « l’objet dans sa poche », qui ne sera pas séparé de lui et qui pourra faire retour sous la forme d’un réel effrayant sous la forme d’une hallucination verbale ou visuelle, ou une forme de dissolution imaginaire (phénomènes du morcellement du corps).
Un éclairage nécessaire sur la fonction maternelle
Il est à noter que lorsqu’on parle de l’Autre en position maternel il s’agit d’une fonction maternelle, de la même manière que l’Autre paternel doit pouvoir aussi pouvoir faire office d’une fonction paternelle, fonction qui n’est pas à confondre avec le papa réel, de même qu’il ne s’agit pas de la « maman » réelle. Graciela Crespin [5] évoque ainsi toutes les variantes de la clinique du père, clinique qui montre bien les défaillances parentales quand les fonctions sont non opérantes, à un moment ou un autre.
Sur la fonction maternelle, Crespin en précise les contours : « La position maternelle fournit le substrat. A l’instar du réel biologique (…) pendant la gestation et l’allaitement, où le corps du bébé se construit littéralement à partir des substances du corps maternel, la mère continue à occuper, après la naissance, au moment où s’engagent les échanges, une place attributive : la mère pense son bébé, elle lui attribue des contenus psychiques » [6].
C’est ce que Winnicott appelait la folie des mères dans leur « préoccupation maternelle primaire » [7]. « Ainsi, au gré de la place qu’il occupe dans le désir de la mère, le bébé passe du plus beau et du plus gentil bébé au monde, qui la comble au delà de toute espérance, au plus sombre persécuteur, qui, dès qu’il se manifeste, la déborde et la maltraite ».
« La mère est littéralement celle qui désigne, qui crée en nommant, qui dit « tu es » et annonce le dikat : gentil, méchant, comblant ou au contraire, décevant ». En accomplissant cette fonction, la mère opère une effraction symbolique, c’est à dire un forçage. « Elle se prend pour lui ou elle le prend pour un morceau d’elle même. C’est la dimension transitive de la position maternelle ». C’est un forçage pourtant bénéfique car il est constitutif du sujet : « C’est ainsi qu’il entre dans l’univers des représentations, et qu’il accède à l’intersubjectivité. Sans ce forçage, le bébé reste hors sens, pur réel, ce qui arrive dans les carences graves et les déficits constitutifs aux troubles graves du développement »[8].
Cette position maternelle correspond donc à ce que Lacan a identifié comme « l’aliénation primordiale aux signifiants de l’Autre », considérée par lui comme la première opération fondatrice du psychisme, et aussi première consistance corporelle.
La nécessaire fonction paternelle
La position paternelle est « un opérateur psychique de séparation ». A l’instar du réel biologique de la gestation et de l’allaitement, conçu en dehors de son corps à la différence de la mère, le bébé est conçu d’emblée comme un autre par l’homme.
Si l’homme se situe plus volontiers en position paternelle dans les échanges, « c’est parce que le bébé n’est pas pensé par lui comme une partie de lui-même. Ainsi, au lieu de lui attribuer ses pensées, le père se positionne dans la question : qui es-tu ? Il introduit une coupure et aménage l’espace dans lequel pourra émerger le nouveau sujet. La position paternelle soutient l’altérité du bébé, dimension qui peut être mise à mal par la position maternelle » [9].
Le qui es-tu ? paternel – poursuit Crespin – « est littéralement le pendant du tu es maternel, et ainsi le lien primordial dans son versant paternel correspond à la capacité séparatrice du père et de sa fonction régulatrice de la toute-puissance primordiale de la mère ».
« Ainsi conçues, ces deux positions correspondent aux deux opérations fondamentales d’aliénation et de séparation fondatrices du psychisme dont nous parle Lacan » [10].
« Et c’est de l’équilibre dialectique des positions maternelle et paternelle que résulte ce que nous avons l’habitude de repérer, en clinique, comme des échanges satisfaisants avec un bébé » [11].
Ce repérage théorique permet de reconnaître les difficultés dites de « séparation » comme relevant d’une absence du (désir pour le) père… Ou de la mère qui ne réussit pas à mettre des limites à l’enfant et qui se fait « dévorer par lui », ou encore, la mère qui manipule le corps de l’enfant comme si c’était le sien et révèle ainsi soit une carence de (la loi incarnée par le) père, soit une impuissance du père (à interdire)[12].
Conclusion : sur la nécessité dans la parentalité de concevoir un projet commun d’enfant
Lorsque nous sommes confrontés à la complexité clinique de troubles de la parentalité nous devons nous poser quelques questions afin de comprendre les différents éléments de l’histoire conflictuelle qui oppose les deux parties :
Quel a été à l’origine le projet des parents quand ils ont mis au monde cet enfant ?
Chez la mère, existe-t-il la dimension de la Dette symbolique à l'égard du celui qui fait office de père existe-t-elle?
Est-ce que le père est à la hauteur de sa fonction symbolique ?
Se fait-il l’opérateur psychique d’une séparation possible entre la jouissance maternelle et celle de l’enfant ?
Est-il en outre « digne d'amour » dans le sens qu’il fait de cette mère l’objet de son désir d’homme ?
Le père doit pouvoir fonctionner comme un séparateur entre la mère et son enfant, pour être en mesure de diviser la mère et retrouver sa femme. C'est l’opérateur « pas tout » qui seul garantit que le développement psychique de cet enfant sera satisfaisant.
Seul l’offre d'emblée du manque à être de l'Autre permet de structurer une place psychique pour l'enfant, lui garantissant une certaine harmonie. Or, le cas de figure d'un Autre "en manque" qui doit être suturé par l'enfant est radicalement opposé, et introduit tôt ou tard l'instrumentalisation de l'enfant par l’un de parents, voire les deux à l’unisson, qui sont désormais promis à la destruction de la famille qu’ils avaient fondé ensemble.
Reste à explorer l'aliénation pour la philosophie, discipline qui considère l’aliénation comme une véritable « expropriation de l'être ». Ce qui vient à exercer sur le corps de l’enfant une violence symbolique, pas loin d’une « séquestration de l'être ».
Mais retenons que le parent en question identifié comme « toxique » n’est pas un « manipulateur » au sens strict, mais un sujet aussi perturbé dans son psychisme qui nécessite des soins spécifiques.
Avant même que la justice familiale se mette en marche – véritable machine à détruire tous les sujets de la famille d’une manière ou d’une autre – il est nécessaire d’identifier la fragilité du parent malade. Ce qui équivaut à identifier d’urgence, dans le cadre des séparations conflictuelles, les signes avant-coureurs.
Sur le plan psychique, nous ne pouvons pas ignorer dans notre champ que l'aliénation permet une identification massive ou partielle selon les ressources du sujet, car toute identification repose sur une forme d’aliénation, et c’est pour cela que nous sommes, en tant que sujet humain, en partie aliénés : si l'identification est structurante pour l'enfant il a le droit de chiffrer une perte, il y a un reste qui résiste. En revanche, si l'identification est massive, il s 'agit d'une identification imaginaire sans aucune médiation symbolique. Dans ce cas, l’enfant n’aura aucune réserve libidinale, et restera à jamais l’otage et la béquille de l’Autre parental.
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[1] Citer auteurs et articles qui contestent cette notion, cf. Maurice Berger, pédopsychiatre réputé qui milite depuis longtemps pour la reconnaissance de la souffrance chez les enfants de troubles de la parentalité. Les détracteurs de cette notion d’Aliénation parentale soutiennent que le père de cette théorie avait une morale douteuse. On parle même de pédophile. Il semblerait donc que c’est moins le réel clinique qui pointe cette théorie que la provenance des idées qui fâche plus qu’autre chose.
[2] Histoire de la vie privée. (Direction avec Georges Duby) Tome 1 De l’Empire romain à l’an mil
[3] Nous partageons cette lecture proposée par Cosima Guérin, Extrait d’un film, 1998.
[4] Cf. Chapitre « Sur l’aliénation », in J. Lacan, Séminaire XI, Edition Seuil.
[5] Cf. Graciela Crespin, L’épopée symbolique du nouveau-né, De la rencontre primordiale aux signes de souffrance précoce, Edition Eres, 2007, 192 p.
[6] G. Crespin, ibidem, p. 44.
[7] D. W. Winicott, « La préoccupation maternelle primaire » dans De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 1989, p. 285.
[8] G. Crespin, ibidem, p. 47. Concernant les troubles qui peuvent manifester les enfants en souffrance Cf. aussi P. Delion, La fonction parentale, Edition Yapaka.be, Bruxelles, p. 46. L’auteur s’appuie sur la recherche de Maurice Berger et les signes cliniques pour l’évaluation de l’enfant, sont à noter : - la déficience intellectuelle dont la carence n’est pas seule responsable mais la « paralysie de la pensée » car penser est devenu trop douloureux ; - les troubles de l’attachement ; - la violence pathologique ; - troubles psychiatriques ; - instabilité psychomotrice.
[9] G. Crespin, ibidem.
[10] G. Crespin, ibidem.
[11] G. Crespin, ibidem.
[12] cf. G. Crespin, ibidem, p. 53.