Conversation avec un psy.

Pour vous aider à comprendre pourquoi et le comment d'une thérapie, j'ai imaginé une série de réponses aux questions que vous vous posez sans doute. Vous en trouverez davantage dans les sections suivantes, selon que vous vous intéressez à la thérapie pour adulte, pour adolescent ou pour enfant.

Ma question est simple : je voudrais entamer une thérapie pour débloquer certaines impasses dans ma vie, mais je ne suis pas sûr de vouloir faire une "psychanalyse". Qu'en pensez-vous ?

Pour répondre à cette question tout à fait légitime, je commencerai par vous dire 2-3 mots sur ce que signifie faire une psychanalyse.

Les impasses auxquelles vous vous heurtez de manière répétée sont celles du désir. Ce qui caractérise le névrosé c'est de "ne pas vouloir son désir". On désire consciemment quelque chose, mais l'inconscient fait barrage.

"Dans l’expérience, le désir se présente d’abord comme un trouble." - Lacan

Par exemple, une de mes patientes se heurtait en permanence à l'impossibilité d'avoir un compagnon. Elle le désirait sincèrement, mais n'y arrivait pas. Depuis de longues années, chaque rencontre se soldait par un échec. En analyse, elle finit par dire qu'elle se sentait la maîtresse de son père, seul et alcoolique. Pour faire simple et rapide, elle désirait un compagnon, mais ne le voulait pas, par crainte de trahir son père.

Le but de la psychanalyse est de dégager le désir de ce trouble qui nous déprime ou nous angoisse. Quand on sait son désir et qu’on l’assume, on est un individu indépendant qui n’a pas besoin d’analyste. Mais quand on est divisé entre ce que l’on désire et ce que l’on veut, il y a blocage et c’est là que le psychanalyste est utile.

Pour reprendre une métaphore de Freud, l’inconscient divisé agit comme une carriole tirée par des chevaux galopant dans des sens opposés : le sujet est inhibé dans son action car des forces opposées l'empêchent d'avancer dans la direction qu'il souhaite. 

Si l'on répète sans arrêt que l’on ne veut pas être seul, mais que l’on passe son temps à faire fuir les gens qui nous approchent, il y a division. Au fond, ce sont nos troubles qui nous permettent de nous tenir à distance de notre désir.

Le but de la psychanalyse est de cesser de tourner en rond et de "réorienter" notre énergie vers notre vrai désir. 

Est-ce qu'une psychothérapie ne suffirait pas, à partir du moment où j'ai clairement identifié le problème que je veux régler ?

La psychothérapie est issue de l’école américaine, selon laquelle l’individu doit s’adapter à la société. Ce n'est pas ma vision des choses et je vous encourage à préférer la psychanalyse. Mais la décision reste malgré tout la vôtre.

Pour préciser ma pensée, je dirais que la psychanalyse ne vise pas à adapter une personne à sa réalité pour qu’il se sente mieux. Elle ne cherche pas à le rendre "conforme" à ce que la société attend de lui. Elle vise à mettre son être en accord avec son désir, avec son corps.

On reproche parfois à la psychanalyse de ne pas chercher à corriger un symptôme. C'est vrai. Elle vise le destin de la personne, elle cherche à aller au-delà d’un simple bien-être.

Le rôle du psychanalyste est d'agir comme un artisan couturier : il va faire des coutures pour fait tenir quelque chose pour le sujet.

La psychothérapie reste malgré tout envisageable pour les personnes qui ne se sentent pas prêtes à faire une psychanalyse. La psychanalyse, par ailleurs, n’est pas toujours recommandée pour certaines personnes, c'est pourquoi la première séance est consacrée à un entretien préliminaire : j’écoute vos attentes , je diagnostique, je discute avec vous pour savoir si une psychanalyse est envisageable. 

J'ai l'impression de rabâcher mes problèmes depuis des années avec mon entourage mais ça ne me fait pas avancer. Dans quelle mesure le fait de parler à un thérapeute peut-il m'aider ?

La condition a minima pour faire une thérapie, c’est de croire en l’efficacité de la parole. L’expérience que l'on fait en séance permet généralement de dépasser ce doute.

La plupart des personnes n’entendent pas ce qu’elles disent, c’est pour ça que nous avons besoin de voir quelqu’un pour "tilter". De la petite enfance à l'âge adulte, nous pâtissons des mots avec lesquels nous avons été parlés. L'analyse permet de travailler sur ce que nous disons, sur nos mots, pour que nous les entendions et, au final, qu'ils se débloquent.

Pour répondre plus précisément à votre question, il faut comprendre que toutes les formes de parole ne se valent pas. Il y a des paroles vides et des paroles pleines. On peut parler pour ne rien dire. D'ailleurs, la plupart d'entre nous ont tendance, dans leur vie sociale, à s'écouter parler ! C'est pourquoi une discussion au café avec un ami peut ne mener nulle part, alors que les mêmes paroles prononcées face à un analyste ne tombent pas dans le vide. C'est ce qu'on appelle le phénomène de coupure. L'analyste donne du relief à ce que vous dites, vos paroles font résonance. Elles font d'ailleurs leur travail pendant les séances, mais aussi, et surtout, entre les séances. Elles continuent de travailler en vous.

Honnêtement, je crains un peu de m'embarquer dans une psychanalyse qui durerait plusieurs années...

Vous avez mis 20, 30 ou 40 ans à être la personne que vous êtes. Vous ne pouvez pas prétendre être quelqu’un d’autre en quelques mois. Si l'on pouvait se reposer uniquement sur sa volonté pour aller mieux, on aurait éventuellement besoin d’un coach, mais pas d’un psychanalyste. Un coach peut, par exemple, en quelques semaines, aider une personnalité timide à affronter certaines situations sociales qui l'effraient. Mais il ne pourra rien si ce blocage vient en réalité d'un désir contrarié.

L’inconscient qui nous fait faire au quotidien ce que nous désirons sans le vouloir, a une intelligence propre qu’il faut pouvoir cerner pour avancer.

Pour répondre peut-être à votre crainte plus profonde, une psychanalyse n'a rien d'une "masturbation intellectuelle" où on parle pour ne rien dire. Une psychanalyse vous aide à cesser de tourner en rond, elle vous conduit à la porte de l’acte. Et cela prend du temps.

Est-ce que je devrai forcément m'allonger pour que ça "marche" ?

Absolument pas. Le divan s'impose dans certains cas. Il est vrai qu'il permet de mieux s'entendre. En revanche, pour certains patients, le divan est déconseillé et je les reçois donc en face-à-face.

Quels tarifs pratiquez-vous ? Est-ce que je peux me faire rembourser par la Sécu et ma mutuelle ?

Les honoraires que je pratique sont définis au cas par cas, en fonction de vos revenus. Certaines mutuelles peuvent vous rembourser un certain nombre de séances par an.

Il faut toutefois être conscient que le fait de payer pour son analyse a un sens bien spécifique. Le règlement doit être un moteur, et non un obstacle à la cure. Il faut pouvoir payer pour "perdre" ce quelque chose d'ordre symbolique qui vous handicape dans la vie. Une psychothérapie entièrement remboursée (payée par quelqu'un d'autre) a nécessairement ses limites.

Comment prendre rendez-vous ? Quels sont vos horaires de consultation ?

Vous pouvez m'envoyer un email à outelle@gmail.com ou m'appeler au 06.60.30.68.99. Mes coordonnées complètes sont accessibles ici.

Je peux vous recevoir du lundi au vendredi, entre 9h et 20h.