Dès sa naissance, un enfant est investi d’une sorte de mission par ses parents. Le plus souvent inconsciemment, les parents demandent à leur enfant, soit d’être comme eux, soit de réaliser leurs rêves inassouvis, donc de faire mieux qu'eux. Les parents n’échappent pas à ce destin.
Toutefois, pour immédiatement relativiser ce schéma, il est bon de garder en tête cette jolie formule de Françoise Dolto : “Ce n'est pas de votre faute, c'est de votre fait." Quoi qu’il arrive, chaque enfant va peu à peu s’autonomiser et trouver le moyen de trouver son propre chemin. Même si vos enfants vous ressemblent dans leur comportement, ils ne sont pas vous.
Les enjeux émotionnels de l'école
L’école est l’un des lieux les plus investis émotionnellement par les parents. Chacun a eu un rapport plus ou moins joyeux, plus ou moins tragique à l’école. De mauvais résultats scolaires peuvent donc parfois signifier qu'inconsciemment, l’enfant vous prend pour modèle (peut-être n’aimiez-vous pas l’école vous-mêmes) ou a besoin de s’éloigner d’un modèle de réussite trop pesant, ou ambigu, pour respirer un peu.
Au-delà du rapport aux apprentissages, l’école est aussi le lieu où l’enfant apprend à vivre avec ses pairs, où il se mesure aux autres et partage l’attention de l’adulte. Ces expériences peuvent, elles aussi, cristalliser un malaise, qui va ensuite rejaillir sur les notes.
On connaît d’autres raisons qui expliquent qu’un enfant se désintéresse de l’apprentissage, certaines bien relayées par les médias comme la dyslexie ou l’hyperactivité, d’autres moins comme la dépression infantile.
S’il ne faut pas nécessairement s’alarmer de résultats scolaires médiocres en accourant chez le psy, il est important de rester attentif à d’autres signaux éventuels (pleurs intempestifs, maux de ventre ou de tête répétés, atonie, insomnie, colères de plus en plus fréquentes…) et d’en parler, dans un premier temps, avec son enfant, calmement, sans dramatiser. Est-ce que ça ne t’intéresse pas, est-ce que ça a cessé de t’intéresser, est-ce que quelqu’un t’embête, est-ce que tu ne comprends pas ?
Si le dialogue n’aboutit pas et que les conséquences sur la vie de l’enfant ou de son entourage paraissent inquiétants, un rendez-vous chez un psychanalyste ou un psychologue peut être l’occasion de faire le point avec l’aide d'un tiers neutre.
Dans le cabinet du psy
Mon rôle est alors d’écouter la parole de votre enfant, parfois avec l’aide de jeux ou de dessins s’il est petit, pour mettre des mots sur l’origine de sa souffrance. J’écoute aussi beaucoup les parents, parce qu’ils sont susceptibles d’éclairer un contexte (une naissance, un décès, un déménagement…) et parce que leur ressenti joue souvent une part importante dans le comportement de l’enfant.
Dans certains cas, une seule séance suffit à remettre les choses en place. Chaque cas est unique, bien sûr, mais la durée de consultation des enfants est globalement plus courte que celle des adultes, en partie parce que leur névrose n'est pas encore installée. Ils sont encore en train de « construire » leur fantasme.
Lorsqu’il est confronté à une question qu'il ne peut pas formuler et à laquelle il ne peut pas répondre, l'enfant "se forge" un symptôme. On le reconnaît car il s'agit souvent d'actes ou de comportements "inutiles", pénibles pour l’enfant ou son entourage, qui encombrent la vie du sujet ou de sa famille.
Il faut malgré tout considérer les symptômes des enfants – comme ceux de tout sujet d’ailleurs – avec une vraie dignité. Ce qui signifie qu'il faut faire en sorte qu’ils délivrent le bon message au bon destinataire. Comme une bouteille lancée à la mer qui trouve enfin une adresse.